Trône un faune un peu follet
Qui pâle et maigre et plein de poux
Rêve les rêves auxquels rêvent les fous.
Hirsute, hilare, irrationnel,
Plein de malice et d'hydromel
Il fait soupirer et gémir
Un misérable semblant de lyre
Et tente de chanter un peu,
Pour apaiser les moustiques fâcheux
Qui lui sucent sans cesse le sangEt lui agacent les tympans.
O diptères féroces, chante-t-il,
Vous êtes cent vous êtes mille
Et je suis seul et sans défense
Contre vos sabres et vos lancesLaissez-moi donc chanter en paix
Les joies d'être seul en forêt
Joies, d'ailleurs, qui perdent leur lustre
Quand vous apparaissez, minuscules rustres!
Mais les moustiques, imperturbables,
Devaient trouver son sang agréable,Car quelques heures après,
Son cadavre exsangue gisait au pied d'un cyprès.
Et une petite douceur pour Pâques. Que Mallarmé me pardonne...