vendredi, février 29, 2008

Fable sans morale

Lui, c’est un poète, et l’autre, un musicien.
L’un est peintre de l’âme, l’autre peintre de rien
(Je vous laisse deviner quant à qui fait quoi).
Tous deux se promenaient un soir dans un bois
Et le premier de s’extasier : « La Nature est trop belle!
On ne parviendra jamais à se passer d’Elle. »
Le mélodiste s’y oppose : « Le jour n’est pas arrivé
Où la nature pourra vraiment se targuer
D’Art » - pour celui-ci l’art est abstrait, et pur.
« Pourtant (s’indigne le littérateur) rien n’est plus sûr
Que l’Inspiration (il y met une majuscule…),
Et sans les merveilles qu’elle nous fait voir tout Art est ridicule! »
Il disserte sur les origines de l’Art Poïétique,
Sur l’Idée et la Forme, la Bouche d’Ombres et l’Esthétique
En prenant pour exemple le chant des oiseaux:
« Pourriez-vous, Monsieur, écrire quoi que ce soit de beau
Sans ce son originel ? » L’autre assure que oui.
« Il n’y a pas chez les volatiles de voix ni d’ouïe
(Raisonne-t-il), ils ne font que crier agréablement. »
« Ah ! Vous concédez que leur bruit est chantant ? »
« Non pas chantant mais plaisant (le mélomane est pointilleux);
Ni tellement éloigne du sifflotement d’un fâcheux:
Ils n’ont pas de conscience ni d’oreille musicale »
« Mais vous philosophez ! Canaille ! Chacal !
(S’exclame le versificateur) Ne parlions-nous pas d’Art ? »
« Oh ! « L’Art » c’est de penser avec son bracquemart
Je préfère pour ma part user de mon Esprit »
Sur ce un sanglier fou dans un grand cri
En renversa un, empala l’autre – de ces Messieurs cérébraux
Il ne resta que deux cadavres, quelques notes et des mots.

Et bien fait.

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jeudi, février 21, 2008

Epigramme #6

Il peut toujours pleuvoir
Le ciel peut nous pisser dessus
A l'abri sous la lumiere du soir
Je marcherai sur les flaques
Je me prendrai pour Jesus.

lundi, février 11, 2008

Epigramme #5

Fi-faye-fau-fame
Je sens un arrivage de nouvelles ames
Qu'elles soient mortes ou vives
Je broierai leurs os pour en faire du pain (aux olives!)

Cf "Jack and the Beanstalk".

dimanche, février 10, 2008

La rate de Paris

Des hauteurs de Montrouge a la butte Montmartre:
Paris! Paris immense et urbain etron
Paris tu m'etouffes comme une chape de plomb
Paris manege de carnaval tu tournes tournes tournes en rond
Paris tu pues les fantomes de Nostradamus et de Sartre.

Paris est fier d'etre medieval et heureux d'etre haussmannien:
Paris a oublie qu'il etait batard
Paris se masturbe en se carressant les boulevards
Paris se leve tot Pigalle se couche tard
Paris est une pute qui cache ses seins.

Paris tu es un immense parking a ciel ouvert
Qui pullule qui pue l'huile de moteur,
La mort la cigarette et la sueur
Paris est plein de l'odeur du sang et de la peur
Paris ne s'use que si l'on s'en sert

Paris couvert de merde, noye dans la vase,
"Paris libere" peut-etre mais pas des Parigots
Du Marais, le plus infame de tous les marigots
A Saint-Germain-des-Pres peuple de saligauds
Le Parisien se masturbe plus souvent qu'il ne se rase

Paris tu m'embetes Paris tu m'ennuies
Paris fosse aux lions Paris puant cloaque
Tu m'agresses tu m'offenses tu m'arnaques
Tu te roules dans la boue de Baudelaire et de Balzac
Paris Ville de Lumiere couverte de suie...

Et voila. Un poeme en un mois, et pas vraiment le plus recherche de tous d'ailleurs. Enfin, c'est un "cri de coeur" comme disait Yeats en mauvais Francois.
Inspire par des lectures recentes, notamment ma redecouverte de Balzac.

MARK TAPLEY N'EST PAS MORT!

Et il n'a pas demenage non plus, ni arrete de poster sur le blaugue. Le travail qu'il accomplit en ce moment etant une nouvelle en anglais et des poemes en anglais, il est simplement... un peu distrait. Court hiatus donc, nouveau poeme mercredi c'est promis (le 13 fevrier, un mois apres le dernier article en date)